Droit à la déconnexion : vers une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée

Droit à la déconnexion, que dit la loi ?

Le "droit à la déconnexion" est entré en vigueur le 1er janvier 2017 via l’ article L. 2242-17 du Code du Travail. Il précise que doivent être établies “Les modalités du plein exercice par le salarié de son droit à la déconnexion et la mise en place par l'entreprise de dispositifs de régulation de l'utilisation des outils numériques, en vue d'assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale.” (1)

Ce droit met l'accent sur la nécessité pour les individus de disposer d'un temps personnel dédié, sans distractions liées au travail. L'adoption de ce droit présente de nombreux avantages en termes de productivité et de bien-être. La délimitation de chaque temps, professionnel ou personnel, permettant de se ressourcer lors d’activités régénératrices dans la vie privée et donc de cultiver une meilleure concentration au travail et de réduire le stress.

Une hyperconnexion qui amène au blurring

Avec l'avènement de la technologie et du travail à distance, cette frontière entre vie professionnelle et privée est donc de plus en plus floue, c’est ce qu’on appelle le blurring. D’après une étude menée par QAPA, 71% des Français répondent aux emails ou appels professionnels pendant leurs vacances. (2) Une autre étude de BVA sur la place du travail dans la vie des salariés indique que 56% des employés sondés déclarent travailler en dehors de leurs heures habituelles de travail. (3) Les cadres seraient les plus touchés par ce phénomène d’hyperconnectivité, parmi eux, 69% exprimeraient le souhait de pouvoir bénéficier d'un droit à la déconnexion réel et effectif. (4)

Côté employeurs : un sujet à considérer

Afin de veiller à l’application de ce droit, les employeurs peuvent le mettre en œuvre par un accord collectif. Par ailleurs, le code du Travail précise : “A défaut d'accord, l'employeur élabore une charte, après avis du comité social et économique. Cette charte définit ces modalités de l'exercice du droit à la déconnexion et prévoit en outre la mise en œuvre, à destination des salariés et du personnel d'encadrement et de direction, d'actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques.“

Ce droit implique donc pour l’employeur d'établir des lignes directrices et des attentes claires concernant les communications après le travail, et de promouvoir une culture qui respecte l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Faire valoir son droit à la déconnexion

Alors, côté employé, comment mettre en place les conditions pour permettre votre déconnexion ? Voici quelques pistes.

• Communiquez ouvertement avec votre employeur : Engagez une conversation avec votre manager afin d’exprimer vos limites en ce qui concerne la communication en dehors des heures de travail.
• Fixez des horaires de travail clairs : Établissez et communiquez vos heures de travail à vos collègues et superviseurs, et respectez ces limites autant que possible.
• Gérez les urgences professionnelles : Mettez en place un protocole avec votre employeur pour la gestion des urgences professionnelles en dehors des heures de travail.
• Déconnectez-vous efficacement : Désactivez les notifications en dehors des heures de travail et créez un espace de travail séparé de celui de la vie privée.

Et de manière encore plus concrète, pourquoi ne pas ajouter à votre signature de mail une mention type “J’envoie cet e-mail à un moment qui me convient. Cela n’implique pas de réponse de votre part en dehors de vos heures normales de travail.” ? Une bonne façon de montrer que vous ne forcez pas votre interlocuteur à répondre immédiatement, d’autant plus si vous envoyez ce mail en dehors des horaires habituels.

Autre possibilité : établir une plage horaire sans emails et réunions dans votre semaine, pendant laquelle vous vous concentrez uniquement sur vos tâches liées à la production opérationnelle. Une bonne pratique qui vous permettra de limiter la tendance au multitasking, c'est-à-dire au travail en simultané sur de nombreuses missions, souvent source de désorganisation.

Enfin, pour vous assurer une bonne déconnexion après le travail, avez-vous pensé tout simplement à faire du sport ? Une activité qui s’avère particulièrement efficace afin de limiter le stress et le flux de pensées !

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(1) Légifrance, LOI n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels
(2) Qapa, En vacances, les Français sont de plus en plus incapables de se déconnecter de leur travail, Juillet 2020
(3) BVA, La place du travail dans la vie des salariés, Mai 2019
(4) CGT UGICT, Le droit à la déconnexion plébiscité par les cadres, selon notre baromètre 2020, Novembre 2020